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S'habiller

Frédérique Giraud
S'habiller
« S'habiller », Le Sociographe, n° 17, 2005, 128 p., IRTS-LS.
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Notes de la rédaction

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Texte intégral

  • 1 BELL Quentin (1992), Mode et société: essai sur la sociologie du vêtement, Paris, Presses universit (...)

1Quentin Bell, dans son Essai sur la sociologie du vêtement1, attire notre attention sur ce qui pour lui constitue une des caractéristiques principales du vêtement : « Qui de nous est insensible au désagrément qu'il y a à porter certains vêtements que nous nous sentons obligés de porter ? [Mais] nous nous plions à la norme. Il n'y a guère de gens pour défier purement et simplement les règles de l'usage ». En matière vestimentaire, il existe donc des codes, des normes, même si nous n'en avons pas toujours conscience. L'habit ne s'épuise pas dans ce à quoi il sert explicitement. L'acte de se vêtir manifeste symboliquement ou par convention une essence, une ancienneté, une tradition, une caste, une religion, une génération, une position sociale, un rôle économique... Il rend visible et consacre les clivages, les hiérarchies et les solidarités.

2Ce numéro 17 de la revue Le Sociographe, intitulé « S'habiller », s'inscrit parfaitement dans l'orientation éditoriale de la revue : l'objet que constitue le vêtement est étudié sous toutes ses coutures, c'est le cas de le dire, et dans tous les domaines de la vie, de la littérature à l'hôpital, en passant par les banlieues ou encore la maternité, à partir de trois thématiques autour desquelles s'articulent les trois parties de ce numéro : socialisation, médiation et corps.

3Dans plusieurs des articles de ce numéro, l'habillement est souvent abordé de manière à la fois ludique et théorique. Par exemple, T. Berquière, dans « Perceval se change », aborde la question du vêtement à travers le roman de Chrétien de Troyes, qui offre selon lui une allégorie des fonctions de l'habillement dans la relation entre Perceval et sa mère ; à partir des différents habits de Perceval, T. Berquière montre que le vêtement est tour à tour du côté du narcissisme, du côté du travail de séparation et de distanciation, du côté de l'identification. L'article de D. Fleurdorge rappelle de son côté que le vêtement « participe à la mise en scène du social du simple fait qu'il est vu et lu ». Il est lu, c'est-à-dire interprété, comme indice d'une position ou d'une image sociale. Dès lors on peut comprendre le vêtement à partir d'échanges sociaux, en termes de distinction et d'ordonnancement des groupes sociaux. D. Fleurdorge se demande alors s'il existe un vêtement du pauvre... S. Pouilloux, une psychanalyste, analyse quant à elle la construction vestimentaire pour montrer qu'elle est autant une construction pour soi qu'une construction pour les autres. Par le vêtement, nous élaborons un discours pour autrui. Le vêtement est un discours, une seconde peau, il signale des propriétés sociales, révèle des craintes, le désir de laisser paraître quelque chose de sa filiation ou de soi-même. On peut évoquer encore l'article de F. Blaise-Kopp, « Comment habiller le corps handicapé ? », consacré à l'initiative de Habicap, une association qui a pour vocation de proposer des vêtements adaptés aux handicaps physiques. Une ligne de fuite traverse l'ensemble de l'ouvrage avec les différents détails vestimentaires présentés par les photos dont le thème est Tenue accessoire exigée. Si les différents détails qu'elles mettent en évidence, de l'escarpin à l'éventail, rappellent les photos présentées par Le Wita dans son ouvrage Ni vue, ni connue, approche ethnographique de la bourgeoisie, on peut cependant regretter que ces photos ne fassent pas l'objet d'une analyse ou d'un commentaire.

4Dans l'ensemble, il s'agit bien de proposer un cadre de travail, une première réflexion sur un fait social en effet quelque peu négligé par la sociologie. « L'acte de vêtement », pour reprendre l'expression de Barthes, n'est pas très présent dans les publications sociologiques et ce numéro de la revue a pour ambition de décrire des pratiques et de faire voir les domaines dans lesquels le vêtement devrait être étudié. Il s'agit donc dans ces articles, peut-être trop courts pour favoriser une véritable immersion dans ce domaine d'étude, de permettre une première familiarisation avec le vêtement. La revue permet de dessiner, par les multiples domaines auxquels elle s'intéresse, et les différents angles d'approche qu'elle propose, les traits de rencontres interdisciplinaires. On ne peut que valoriser l'approche éclectique du vêtement ici proposée.

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Notes

1 BELL Quentin (1992), Mode et société: essai sur la sociologie du vêtement, Paris, Presses universitaires de France., coll. « Sociologie », 262 p.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Frédérique Giraud, « S'habiller », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 05 février 2006, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/lectures/261 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.261

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Rédacteur

Frédérique Giraud

Allocataire-monitrice à l’ENS de Lyon, doctorante au Centre Max Weber, équipe DPCS (Dispositions, Pouvoirs, Cultures, Socialisations). Frédérique Giraud est rédactrice en chef de Lectures.

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