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Daniel Fabre, Anna Iuso, Les monuments sont habités

Lucile Foujanet
Les monuments sont habités
Daniel Fabre, Anna Iuso (dir.), Les monuments sont habités, Maison des Sciences de l'Homme, coll. « Ethnologie de la France », 2010, 335 p., EAN : 9782735112852.
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Texte intégral

1Les monuments sont habités et sont présents partout dans nos villes et nos villages, même si lorsque nous passons à côté d'eux nous n'y faisons pas nécessairement attention, car ils font partis de nos vies et de nos paysages urbains. Ainsi, ce que l'on nomme habituellement « monument » n'est pas seulement la célèbre pyramide de Khéops en Egypte, mais ce sont aussi, par exemple, les habitations troglodytes de Matera, en Italie. Ces deux types de monuments contribuent chacun à leurs façons à l'histoire de notre passé et à la mémoire collective de l'humanité. Cet ouvrage regroupe à la fois des interrogations ethnologiques, sociologiques, mais aussi politiques et urbanistiques, car le monument qui se situe dans la ville s'insère par essence au sein de différentes problématiques. De ce fait, c'est à la suite d'une réflexion franco-italienne sur la question du patrimoine que cette publication a vu le jour. Les monuments traités se concentrent alors principalement sur des lieux français et italiens.

2L'ouvrage est découpé en quatre parties théoriques, chacune d'entre elles étant composée des recherches des ethnologues et anthropologues qui ont contribué à cette publication, ainsi qu'à des illustrations des monuments étudiés. Ce principe de découpage donne aussi la possibilité de se pencher plus précisément sur certains monuments, sans lire l'intégralité de l'ouvrage. Les différentes parties peuvent être intégrées de manière indépendante les unes des autres. De plus chacun des monuments traités donne lieu à une bibliographie spécifique, donnant la possibilité d'approfondir le sujet. La richesse de cet ouvrage en fait un de ses points majeurs.

3Des points forts, communs à tous les monuments traités, ressortent : la question de la préservation du patrimoine qui est chère à notre époque (le monument fait partie de la mémoire collective), la recherche de plus en plus présente de l'authenticité au travers du tourisme (avec l'exemple de la muséification de certains villages considérés comme représentatif de la vie passée), le processus de construction d'un lieu en tant que monument (le lieu ne naît pas monument, il le devient). Pour ce dernier point, la Bibliothèque François Mitterrand à Paris est une très belle illustration. La fonction première de ce lieu, avant d'être un espace public, est d'être un lieu de savoirs et de connaissances, une bibliothèque. Celle-ci a été pensée par un architecte afin qu'elle s'insère dans le paysage, mais ne datant pas de plusieurs centaines d'années, l'appellation de « monument » peut-elle lui être attribuée ? Certains diront oui, d'autres non, car l'architecture du lieu est moderne or dans l'imaginaire collectif, peut être considéré comme monument ce qui appartient au passé. Mais un monument ne pourrait-il pas être moderne ? Le lieu passe alors par tout un processus pour être connu et reconnu en tant que monument.

4Un monument peut être habité de différentes manières, que cela soit au sens premier, c'est-à-dire que le lieu est habité par des habitants tout simplement, ou au sens second, c'est-à-dire que le lieu est habité de manière métaphorique, par une légende ou par un personnage qui a marqué l'histoire de ce lieu. L'anthropologue Pietro Clemente parle du « pays de quelqu'un » pour l'« habiter » symbolique : les monuments qu'ils soient des bâtiments ou des espaces vivent en tant que monument au travers du souvenir d'un personnage emblématique passé ou encore vivant. C'est le cas d'Armungia, un village italien en Sardaigne. Si ce village est devenu « habité symboliquement », c'est d'abord parce qu'il se situe dans une ancienne région féodale, mais c'est aussi le fait d'Emilio Lussu. Ecrivain et politique sarde, réfugié en France après la Première Guerre mondiale, il fit naître ce « pays de quelqu'un ». Armungia était « son » village et ce personnage fait partie de la mémoire de ce lieu-monument. Pour autant, pour les habitants de ce village, Armungia est seulement le village de ses habitants et de sa mémoire et Emilio Lussu en a été tout simplement un habitant, un peu plus connu que les autres.

5Ainsi, au travers de cette publication, les monuments sont abordés de manière très diverse, car il est tout autant question de la Bibliothèque François Mitterand et de la re-urbanisation du quartier, que du Pays Dogon au Mali, étudié par de grands ethnologues comme Marcel Griaule et qui ont contribué à la mythification de ce lieu. Cet ouvrage très riche s'adresse à un public assez varié, que ce soit pour des professionnels du patrimoine ou des chercheurs en sciences sociales, il peut aussi être intéressant pour ceux qui sont curieux des monuments qui les entourent. Car pour sûr, des choses seront apprises par la lecture de cet ouvrage, et les monuments qui nous entourent seront regardés différemment par la suite.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Lucile Foujanet, « Daniel Fabre, Anna Iuso, Les monuments sont habités », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 27 août 2010, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/lectures/1116 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.1116

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Rédacteur

Lucile Foujanet

Étudiante en Master Stratégie du développement culturel

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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